CHAPITRE VII
Le Hall des Maîtres était aussi luxueux que tous ceux par lesquels les Solo venaient de passer. Le sol était couvert de moquette qashmel rouge et certaines parmi les plus belles toiles de la galaxie étaient accrochées aux murs. Entre chaque œuvre d’art, un arc trilobé conduisait à un autre couloir opulent, et à chaque bout de la salle, un escalier en marbre blanc montait à l’intérieur d’une tour pour atteindre les sommets de l’immense palais de Tenel Ka.
— Où allons-nous, maintenant ? demanda Han.
— Bonne question.
Il fronça les sourcils.
— Tu ne peux pas suivre la Force ?
— Si, si je voulais que Tenel Ka sache que je suis à sa recherche, rétorqua Leia, jetant un coup d’œil à la carte de sécurité qu’elle avait prise sur l’un des gardes. J’ai une meilleure idée, ajouta-t-elle, se dirigeant vers l’autre côté du hall.
Han lui emboîta le pas, et ils trouvèrent un petit terminal sous l’escalier. Leia y inséra le passe et sélectionna DÉFILÉ DE LA REINE MÈRE : EMPLOI DU TEMPS PUBLIC DE SA MAJESTÉ dans le menu qui s’afficha.
Tenel Ka avait terminé le Jugement Préliminaire des Muscles une demi-heure plus tôt et devait assister à un banquet dans deux heures – apparemment, elle n’avait rien à cet instant.
— Essaie de trouver un emploi du temps privé. Celui-là ne nous apprend rien.
— Bien sûr que si, répondit Leia, faisant apparaître un plan du palais. (Elle montra du doigt une zone noire, marquée simplement RÉSIDENCE ROYALE.) Nous la trouverons là.
— Je ne veux pas paraître rabat-joie, mais...
— Il lui faudra une heure pour se préparer pour le repas. Et elle a participé à la reconstitution toute la journée. Où crois-tu qu’elle va passer sa seule heure libre ?
— Avec sa fille, acquiesça Han.
Bien sûr, il aurait dû savoir que Leia, qui avait grandi dans un palais, comprenait la vie de Tenel Ka.
— Où est la salle de jeu ?
— Encore une bonne question. (Leia récupéra la carte, puis se retourna et ferma les yeux un instant.) L’escalier est désert.
Ils montèrent côte à côte, sous l’œil des portraits des ancêtres de Tenel Ka. Les marches étaient si larges qu’un landspeeder aurait pu les emprunter, tout en laissant assez de place pour une file de piétons. Au bout d’une minute, des murmures étouffés leur parvinrent d’une porte qu’ils ne pouvaient pas encore voir.
Se disant qu’ils devaient trouver un autre chemin, Han prit sa femme par le bras et voulut rebrousser chemin.
— Trop tard, dit-elle. Tenel Ka voudra sûrement nous voir après avoir passé du temps avec Allana et avant le banquet.
Elle le tira plus près du mur et ils continuèrent en silence. Alors qu’ils arrivaient au niveau du palier, elle s’arrêta et montra du doigt la balustrade. Une seconde plus tard, un clanc ! sonore retentit dans la tour.
Deux gardes royaux apparurent pour enquêter sur le phénomène. Longeant le mur, Han et Leia montèrent les dernières marches sans bruit et se faufilèrent dans leur dos à l’intérieur d’un salon rempli de mâles hapiens sentant fort l’eau de Cologne. Ils portaient des tuniques et des pantalons en soie, et chacun avait un vase transparent contenant une orchidée – certaines plus rares que belles. Leia prit le bras de Han.
— Ce sont sans doute les prétendants qui espèrent escorter la Reine Mère au repas de ce soir, souffla-t-elle en l’entraînant à travers la pièce. Tenel Ka aime visiblement s’amuser avec ses nobles.
— Aussi longtemps qu’ils ne s’amusent pas avec nous, répondit Han. Si seulement tu ne m’avais pas obligé à laisser mon blaster à bord du Faucon.
— C’est censé être une visite amicale !
— Alors pourquoi portes-tu ton sabre laser ?
— C’est différent, répondit Leia. Nous sommes à Hapes, et je suis une femme.
Alors qu’ils passaient, les jeunes nobles se retournaient pour les regarder, ricanant devant la vieille veste de vol de Han et la robe de Jedi de Leia. Les Solo les ignorèrent, croisant leurs regards juste assez longtemps pour leur signifier qu’ils étaient à leur place – et pour Leia de renforcer cette idée grâce à la Force.
Cela dut être efficace, parce qu’ils n’étaient pas encore au milieu de la salle que les prétendants s’étaient déjà remis à jouer au sabacc ou à discuter entre eux. Han et Leia se frayèrent un chemin à travers la foule jusqu’à une fontaine représentant un rancor crachant de l’eau. De l’autre côté, une douzaine de gardes interdisaient l’accès à un immense corridor blanc. Celui-ci était décoré d’armes et d’armures antiques, mais ce n’était rien à côté du chandelier en cristal-vent de la taille d’une Aile-A.
— Je crois que nous avons trouvé la Résidence Royale, marmotta Han, détournant son regard des gardes. Mais pour passer, ça va...
Les doigts de Leia s’enfoncèrent dans le bras de son mari.
— Elle est ici.
— Ici ?
Han regarda discrètement autour de lui et ne vit rien d’extraordinaire, à part deux jeunes nobles qui se disputaient au sujet de l’issue d’une partie de jarik. Il y avait aussi un homme d’un certain âge, qui sermonnait un jeune homme sur l’impropriété de porter un chapeau à l’intérieur.
— Qui est là ?
— L’assassin.
Le regard de Leia se posa sur le tout jeune homme et ne bougea plus. Il avait un visage étroit et imberbe, coiffé d’un chapeau qui, s’il était à la mode, n’en était pas moins ridicule. Son apparence était dangereusement féminine. Il avait des yeux noirs enfoncés, un nez droit en lame de couteau et une bouche fine. La veste à jabot qu’il portait devait être six tailles trop grandes pour lui, et il gardait les poings dans ses poches, comme s’il avait peur de ce qu’ils feraient s’il les montrait.
— Lui ? souffla Han, incrédule. C’est un gamin !
Les yeux du « gamin » quittèrent son sermonneur et trouvèrent ceux de Leia. Quand elle ne détourna pas les siens, il lui adressa un imperceptible hochement de tête, puis il reprit sa conversation.
Leia prit le bras de Han.
— Ce n’est pas un gamin. (Elle l’entraîna vers les gardes.) En fait, elle est plus vieille que toi.
— Elle ?
— Aucune importance pour le moment. Elle ne travaille pas seule. Il faut avertir Tenel Ka.
Alors qu’ils approchaient de l’entrée, un garde aux traits durs, un sergent d’après son uniforme, leur bloqua le passage avec un gros blaster hapien.
— Le Couloir des Cristaux du Vent est fermé aux visiteurs.
— Bien sûr, répondit Leia, levant la main pour la passer devant son visage, geste que faisaient les Jedi pour implanter une suggestion. Mais la Reine Mère est en danger. Vous devez fermer les portes et ne laisser sortir personne, ajoutât-elle, baissant la voix, si bien qu’il dut se pencher pour l’entendre.
Les yeux du sergent s’écarquillèrent, et il répéta :
— La Reine Mère est en danger. (Il était trop bien entraîné pour réagir avec précipitation – même sous l’influence de la Force.) De quelle nature ?
— Des individus, ici même, répondit Leia d’un ton impatient, faisant un autre geste. La Reine Mère est menacée. Faites boucler la salle et sonner l’alarme.
Il hocha la tête.
— La Reine Mère est menacée. (Il regarda par-dessus l’épaule de Leia, puis se tourna vers ses hommes.) Fermez laaaaaaaaaaaagh...
L’ordre se termina dans un cri étranglé quand quelque chose de blanc passa en sifflant près de l’oreille de Leia et alla se ficher dans le cou du Hapien. Han cria et fit instinctivement un bouclier de son corps pour protéger sa femme. Ce faisant, il faillit perdre un bras quand elle activa son sabre laser.
Ils avaient à peine touché le sol quand d’autres fléchettes passèrent au-dessus d’eux, fendant l’air avec un bruit de tissu déchiré, venant de tous les coins de la salle. Aussitôt, les autres gardes s’écroulèrent dans une cacophonie de râles et de fracas d’armures.
Leia poussa de la main la poitrine de Han.
— Cesse de faire ça, dit-elle, le faisant rouler d’au-dessus d’elle avec une facilité surprenante, puis elle s’agenouilla et montra sa robe. Je suis une Jedi, tu te rappelles ?
— Navré... vieille habitude.
Il s’accroupit à son tour. La moitié des prétendants – une vingtaine environ – chargeaient, sautant par-dessus ou contournant les meubles, un couteau blanc au poing ou en tirant un de leurs manches. Han pivota le buste pour s’emparer du blaster du sergent et découvrit les gardes, dont la plupart étaient déjà morts.
Un nœud glacé se forma au creux de son estomac. Les assassins étaient bons, ainsi qu’organisés et bien entraînés. Il s’empara du gros blaster et chercha à retirer la sécurité.
— La prochaine fois, je ne t’écoute pas et je...
Le sabre laser vrombit, et une odeur de chair brûlée lui parvint en même temps que le son mat d’un corps s’effondrant au sol. Les autres assaillants s’engouffraient déjà dans l’arche, s’emparant des armes au passage et dépassant les Solo sans leur prêter beaucoup d’attention, surtout à Han. Sauf un blond à la forte mâchoire, qui croisa son regard et demanda :
— Ça va ?
— Euh, oui, répondit Han.
Il avait enfin trouvé comment enlever la sécurité – le mécanisme était caché dans la garde – et enfonça le petit bouton.
— Merci de le demander.
Et il tira, faisant un gros trou dans la poitrine du Hapien, qui s’écroula, l’air surpris.
Han pivota et trouva Leia derrière lui. Debout au-dessus d’un autre cadavre, elle regardait celui qu’il laissait en fronçant les sourcils.
— Tu n’as pas l’impression que nous n’avons pas la moindre idée de ce qui se passe ici ? demanda-t-il.
— Nous ne sommes pas les seuls.
Leia aida Han à se relever et le tourna vers la salle. Une douzaine de prétendants entouraient le célibataire d’âge moyen qui avait fait la leçon au « gamin » pâle.
Les autres regardaient bouche bée ledit « gamin » plonger et rouler vers la porte par laquelle les Solo étaient entrés, esquivant les tirs de blaster des gardes postés là. Maintenant que l’assassin avait retiré sa veste trop grande, révélant une combinaison moulante et une ceinture dans laquelle s’alignaient les couteaux, il était évident qu’il s’agissait d’une femme. Elle avait également ôté son chapeau ; elle avait le crâne rasé à l’exception d’une touffe au sommet de la tête, enroulée sur elle-même, ce qui lui donnait un air sauvage, imprévisible et dangereux.
Han commença à lever son arme, mais Leia le retint.
— Pas encore. Elle est sensible à la Force.
— Sensible à la Force ?
Il comprenait ce qu’elle disait. La femme ne serait pas facile à tuer, et ils ne pouvaient pas rester là.
— Quelqu’un va-t-il me dire ce qui se passe ici ?
— Plus tard, répondit Leia, emboîtant le pas aux assassins. Quand j’aurai eu le temps d’y réfléchir.
Han prit deux chargeurs de rechange à la ceinture du sergent et courut après elle. Quand il la rattrapa, ils avaient fait vingt-cinq mètres sans gagner un pouce sur leurs cibles. Han s’arrêta et trouva refuge derrière une ancienne armure en duracier.
— Nous devons les ralentir.
— Bonne idée, jeta Leia sans s’arrêter. Essaie de ne pas me toucher !
— Hé, ce n’est pas ce que je voulais dire !
Mais Leia était déjà loin, passant sous l’immense chandelier et gagnant de la vitesse. Maudissant sa témérité, Han inspira et expira trois fois, puis leva le blaster.
Mais avant qu’il n’ait pu ouvrir le feu, les assassins s’arrêtèrent soudain et se retournèrent avec incertitude vers Leia. Même sans la Force, Han sentit leur confusion. Soit ils avaient atteint un obstacle imprévu, soit ils ne l’avaient pas vue tuer leurs compagnons et ils ne comprenaient pas pourquoi elle les suivait. Peut-être les deux.
— Que diable se passe-t-il ici ? grommela Han.
Il visa l’homme de tête et lui tira entre les omoplates, puis il abattit celui sur sa droite. Ce dernier heurta un piédestal, puis chancela et s’effondra. Les autres s’empressèrent de se mettre à l’abri et ripostèrent.
Leia arriva enfin sur eux et se lança dans une attaque au sabre laser, se protégeant derrière sa lame saphir et renvoyant les tirs. Han en tua encore un, et elle trois. Puis il tira dans la jambe d’un autre, le projetant en arrière ; Leia utilisa la Force pour en écraser deux sous une armure en plexoïde.
Soudain, l’explosion d’une grenade à concussion résonna dans le couloir. Han fut momentanément aveuglé par un flash. Leia poussa un cri surpris, et l’air résonna de tirs de blaster. Des voix hapiennes hurlèrent, puis se turent, et plusieurs traits passèrent près de Han, qui réalisa alors que sa vision s’était éclaircie.
Leia revenait vers lui, enchaînant les pirouettes et les saltos arrière qui l’amenaient d’un côté puis de l’autre du corridor. Toujours assistée par la Force, elle déviait les coups avec sa lame. Derrière elle, les assassins survivants, s’il y en avait, n’étaient nulle part en vue, et un mur de gardes royaux avançait.
Han se redressa juste assez pour que sa tête et ses épaules dépassent.
— Arrêtez ça, abrutis ! cria-t-il. Nous sommes...
Une salve lui coupa la parole. Déséquilibrée, l’armure se renversa, plaquant Han au sol sous une avalanche de duracier.
— Han ! cria Leia d’une voix pourtant à peine audible par-dessus le fracas.
Cela sentait la chair brûlée, comme toujours quand les blasters parlaient, et Han eut envie de vomir.
— Reste à l’abri !
— Comme si j’avais le choix ! répondit-il.
Han repoussa le plastron de vingt kilos qui lui recouvrait la tête et les épaules, puis roula sur ses genoux. Il ne pouvait toujours pas respirer, mais la douleur dans sa poitrine était générale, aussi n’avait-il que le souffle coupé. Leia était de l’autre côté du couloir, prisonnière d’un raz de marée de feu si intense qu’on aurait dit l’échappement d’un moteur à ions. Han se tourna vers les gardes royaux, qui avaient parcouru la moitié du chemin.
— Très bien, gronda-t-il. Les gars, vous tirez sur ma femme – vous allez me payer ça !
Il retourna derrière le piédestal et, pointant son arme vers le plafond, tira dans le chandelier. Il ne fallut pas plus de deux coups pour que celui-ci s’écrase au sol dans un boucan effroyable de cristal-vent et de métal. Aussitôt, la majorité des blasters se turent. Relevant la tête, Han s’avisa que le lustre était tombé au milieu des gardes, blessant, tuant ou assommant une grande partie d’entre eux.
Mais une douzaine avait échappé à l’un ou l’autre de ces sorts et concentrait les tirs sur Leia, la repoussant contre le mur chaque fois qu’elle essayait de rejoindre Han. Et elle n’arrangeait pas les choses, parce qu’elle se contentait de défléchir, au lieu de se défendre. Il était évident qu’elle ne voulait pas tuer les partisans de Tenel Ka.
Han maudit ses scrupules, puis baissa le canon de son blaster et tira sur le sol, qui renvoya les rayons. Il capta aussitôt l’attention des Hapiens, et l’un d’eux, un individu au visage dur de vétéran, les remercia de leur sollicitude en dégoupillant une grenade.
— Non ! s’écria Han, plus pour lui-même que pour quiconque. Ne...
Le garde appuya sur le détonateur et Han n’eut pas le choix – il le visa à la poitrine.
Mais avant qu’il n’ait pu appuyer sur la gâchette, des rayons fusèrent de l’autre bout du passage et atteignirent sa cible, la renversant en arrière. Le garde lâcha la grenade, qui roula.
Han pivota, en état de choc, ou tout simplement effrayé, et vit l’assassin pâle qui tirait, un blaster hapien dans chaque main. Elle se servit de l’un d’eux pour faire signe aux Solo de la rejoindre.
— Venez !
Trop étonné pour réagir, Han regarda Leia, qui haussa les épaules.
Quelques-uns des gardes prisonniers du chandelier avaient repris leurs esprits et se remirent à faire feu. La tueuse plongea, fit une roulade et rebondit sur ses pieds, répliquant. Puis elle fit de nouveau un geste aux Solo, pointant l’un de ses blasters vers Han.
— Venez, si vous voulez vivre.
Han coula un regard à Leia. Elle hocha la tête.
— Qui ne veut pas ?
Elle se redressa et courut vers la sortie, tournoyant et roulant, renvoyant les quelques tirs qui ponctuèrent son déplacement. Han la suivit, courant en crabe pour continuer de couvrir leur retraite. Il n’avait toujours aucune idée de ce qui se passait, mais apparemment personne n’en avait la moindre – et dans ce cas, la seule chose qui comptait, c’était survivre.
Quand ils la rejoignirent, la femme montra la cage d’escalier par laquelle ils étaient arrivés.
— Par là.
— Parfait, répondit Leia, prenant la tête.
Ils ne rencontrèrent aucune résistance en traversant la salle, car les prétendants qui ne participaient pas à l’attaque se cachaient derrière les meubles. Ils ne voulaient pas risquer leur vie, sans armes. D’après ce que Han avait pu voir de la tueuse, c’était probablement une sage décision.
Sur le palier, les deux gardes gisaient, immobiles – comme les deux autres qui gardaient la porte de l’autre côté de la tour. Jusque-là, ils n’avaient pas reçu de renforts, mais cela ne saurait durer. Il commença à descendre vers le salon où Leia et lui avaient attendu si longtemps.
— Attendez ! cria l’assassin.
Il s’arrêta et regarda par-dessus son épaule. Elle avait mis un genou à terre et pointait ses blasters vers le haut, mais elle les regardait.
— Où allez-vous ?
— Au hangar, répondit Han. Nous devons filer d’ici.
— Non, fit-elle, puis elle se retourna vers la tourelle et fit feu. Nous devons finir ce qui est commencé.
— Nous ? demanda Leia.
— Vous n’êtes peut-être pas payés, mais vous faites partie du plan. (Elle continua de faire feu avec un blaster et menaça Han de l’autre.) N’ayez pas l’air si surpris. J’ignorais que ça se passerait ainsi.
Les articulations de la main de Leia qui tenait son sabre laser blanchirent, mais heureusement, Han fut le seul à le voir. Les gardes royaux avaient atteint le haut de l’escalier et la tueuse avait fort à faire.
— Écoutez, dit Leia. Apparemment, vous savez...
— Vous savez qui nous sommes, coupa Han, qui commençait à comprendre pourquoi tout cela n’avait pas de sens – l’assassin les prenait pour des gens venus l’aider à éliminer Tenel Ka. Pourquoi ne pas nous retourner la faveur ?
L’intéressée détourna les yeux des marches le temps de le fusiller du regard.
— Vous l’ignorez ?
— Nous n’avons pas été mis au parfum, répondit Leia, comprenant la stratégie de Han. Nous arrivons de Corellia.
Une salve faillit arracher la tête de la femme. Elle se contenta de plonger et de se presser contre le mur. Puis elle baissa les yeux sur le sabre laser de Leia.
— Pourquoi ne m’appelleriez-vous pas Nashtah ? fit-elle, souriant presque. J’aimerais bien.
Pour quelque raison, Han en eut froid dans le dos – ou peut-être cela n’avait-il rien à voir avec le nom, et tout avec les rayons qui se déversèrent dans l’escalier.
— Très bien, Nashtah, dit-il. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, on nous a tendu un piège.
— Tenel Ka sait pour la tentative d’assassinat, renchérit Leia. Autrement dit, nous n’avons aucune chance de l’atteindre maintenant. Tout ce qui peut nous arriver, c’est être faits prisonniers et tués.
— Je ne pense pas qu’elle ait su que nous étions impliqués, au début, continua Han. Mais ça a changé. Nous n’avons que deux minutes pour retourner au Faucon, après quoi le hangar sera si bien scellé que même un sabre laser ne pourra pas lui ouvrir le chemin.
Les yeux de Nashtah s’assombrirent alors qu’elle envisageait cette possibilité. Puis elle s’accroupit soudainement, pivota et tira à l’intérieur. Il y eut un chœur de cris d’agonie.
— Montrez-moi le chemin ! ordonna-t-elle.
Elle se releva, puis elle frappa le bras de Leia avec le canon d’un blaster si brûlant que le tissu roussi.
— Et mieux vaut ne pas essayer de me jouer un tour. Il n’y a rien que je préfère tuer qu’un Jedi.